Peur sur le bassin d'Arcachon

Une algue menaçante

Maria et Jean-Michel Douet sont sur des charbons ardents. Dans leur cabanon en bois du Cap-Ferret, ces deux jeunes ostréiculteurs attendent le texto fatidique. «Les tests d’Arguin et Bassin sont positifs sur huîtres et moules. Tout est fermé. Bon courage et à bientôt.» En langage d’ostréiculteurs, cela veut dire catastrophe. D’autant que ce scénario se répète depuis cinq ans et met en péril les 380 entreprises qui travaillent sur les 780 hectares de parcs, et assurent une production oscillant entre 8000 et 10 000 tonnes d’huîtres par an.

Maria et Jean-Michel Douet travaillent sur leurs poches d'huîtres du Cap-Ferret. © Philippe Henry / OCEAN71 MagazineLa dinophysis, une micro-algue naturelle mais toxique, semble être la coupable. Elle libère une toxine qui donne la diarrhée à ceux qui l’ingèrent. Or, les huîtres sont de véritables filtres à eau. Elles absorbent et recrachent quotidiennement des litres d’eau de mer. Et sont donc les premières contaminées. Bien que cette algue maudite ne se soit jamais révélée mortelle, l’Union européenne impose le fameux test biologique de la souris (voir dans le chapitre 2) au nom du sacro-saint principe de précaution, rendant ainsi les ostréiculteurs otages de la mort, ou de la survie, des petits rongeurs blancs…

Après des années de recherche, les scientifiques de l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (l’Ifremer) ont cerné les éléments qui coïncident avec l’apparition de la dinophysis. «Le printemps correspond malheureusement à un ensemble d’événements qui semble lui convenir parfaitement, explique Roger Kantin, directeur de l’antenne d’Arcachon. Une augmentation de la lumière, une élévation de la température de l’eau (à partir de 17 °C), ainsi que l’apport en eau douce, nitrates et phosphates des rivières qui se jettent dans le bassin.» Et sur ces deux derniers points, l’activité humaine apparaît très largement responsable.

Autres dossiers

  • La fin de la Grande Barrière de corail ?

    Écologie, Économie3 chapitres

    La Grande Barrière de corail en Australie est reconnue comme une merveille de la nature. Pourtant, l’icône internationale subit depuis plusieurs années des attaques à la fois environnementales, touristiques, industrielles, commerciales… OCEAN71 Magazine a enquêté pour comprendre ce qui pourrait justifier qu’un jour on puisse parler de ce joyau naturel à l’imparfait.

  • Une mine sous-marine de la seconde guerre mondiale, à proximité de Saranda © Philippe Henry / OCEAN71 Magazine

    Albanie : Expédition vers l’inconnu

    Culture5 chapitres

    L’Albanie est un pays méconnu de tous car resté isolé durant l’essentiel du 20e siècle. Aujourd’hui, le pays s’ouvre lentement au reste du monde. Notre dernière expédition maritime nous a menés dans ces eaux supposées dangereuses à cause des trafiquants et des mines sous-marines toujours actives. Nous y avons trouvé tout autre chose.

  • Ithaque en vue ©Philippe Henry / OCEAN71

    Enquête sur la mythique Ithaque

    Culture6 chapitres

    Où se trouve la mythique Ithaque, l’île royaume d’Ulysse, le héros de l’Odyssée ? Ce grand récit que l’on doit à Homère est l’un des piliers de notre culture et de notre littérature. Et Ithaque en constitue le point final. Pourtant ce petit territoire rocheux et montagneux est sujet à bien des controverses quand il s’agit de le localiser. Si l’actuelle île d’Ithaque semble être la meilleure candidate pour y fixer le palais du grand héros grec, certains échafaudent d’autres hypothèses. L’équipe d’OCEAN71 a tenté de lever le voile sur ces controverses et a mené l’enquête.