Peur sur le bassin d'Arcachon
L’éradication possible des huîtres
Le calvaire des ostréiculteurs arcachonnais ne s’arrête pas là. Un autre fléau a fait son apparition l’année dernière et les préoccupe au plus haut point. Les naissains, jeunes mollusques de moins d’une année, sont décimés pour des raisons encore inexpliquées. En quelques jours, ce sont des centaines de milliers de jeunes huîtres qui ont disparu. Le fléau s’est même propagé à l’Irlande, l’Espagne et l’Italie, qui déplorent le même type de pertes dans leurs parcs. En France, producteur de plus de 100 000 tonnes d’huîtres, certains ostréiculteurs ont déjà perdu près de 100 % de leur élevage en 2008.
Cette situation ressemble étrangement à la dernière grande crise ostréicole française du début des années 70. En deux ans, elle avait décimé une espèce entière. Depuis, l’huître creuse japonaise réputée plus résistante avait fait son apparition. A lui seul, le bassin d’Arcachon produit plus de 60 % des 4,5 milliards de jeunes huîtres nécessaires à la production ostréicole française. «Si on ne trouve pas une solution rapidement, s’alarme un ostréiculteur, nous allons nous retrouver dans la même situation que les céréaliers. Nous serons obligés d’acheter les naissains à des laboratoires, nous rendant ainsi financièrement dépendants de multinationales. Et rien ne nous dit qu’ils survivront… Il faudra alors trouver une autre espèce.»
Toutes les hypothèses sont évoquées : dégénérescence de l’huître japonaise installée en France depuis trente ans, virus, stress des huîtres provoqué par les 12 000 bateaux de plaisance qui sillonnent le bassin tous les été… Conscient du drame qui s’abat sur les ostréiculteurs, le nouveau préfet de Gironde a promis d’envoyer des échantillons d’huîtres aux Pays-Bas, qui pratique le test du rat, un animal plus résistant. Et d’accélérer les recherches pour comprendre le mystérieux mal qui frappe les naissains.