Cela fait longtemps que le réchauffement climatique n’est plus un secret, et il est scientifiquement établi que les pôles sont les régions où ses effets se font le plus ressentir.

Pour la première fois depuis que les mesures par satellite existent, l’été de l’année 2007 a vu la banquise fondre à tel point qu’un itinéraire maritime « grand public » s’est ouvert au nord de la Russie : le Passage du Nord-Est.

Les "nouvelles" routes maritimes font concurrence aux "anciennes" © OCEAN71 Magazine

 

D’ordinaire, ce parcours ne peut être emprunté qu’avec un brise-glace ou en suivant un bateau permettant de sécuriser ce chemin. Un service que les Russes, entre autres, proposent.

Bateau suivant un brise-glace dans l'océan Arctique  © Tschudi Shipping

La chaleur record de 2007 a permis d’entrevoir ce que serait l’avenir du trafic maritime entre l’Europe et l’Asie de l’Est. En effet, d’après l’Autorité Maritime Norvégienne, l’itinéraire par le détroit de Béring plutôt que par le Canal de Suez permet une économie de temps 40% sur le trajet entre Rotterdam et Yokohama. A noter aussi que ce circuit permet d’éviter la menace de la piraterie de l’océan Indien.

Cela ne risque pas de s’inverser, car d’après les dernières études, le record de chaleur de l’année 2007 a été battu en 2012 …

Les prévisions sont formelles, avec de telles économies de temps et d’argent, le trafic par le Nord est appelé à devenir de plus en plus intense au fil des années. Toujours d’après l’Autorité Maritime Norvégienne, 11 bateaux ont emprunté le Passage du Nord-Est en 2010, et ils étaient 40 en 2011. Avec une quantité d’embarcations toujours plus élevée, de nombreuses questions se posent.

Les équipes de sauvetage tentent de contenir la marrée noire créée par un cargo échoué © Foto KystverketEn effet, ces régions désertiques et inhospitalières présentent peu ou pas de ports de secours, l’aide à la navigation est limitée et une grande distance est à parcourir pour les services de recherche et sauvetage. Sans parler de l’augmentation d’un risque de marée noire dans l’écosystème fragile de l’océan Arctique.

Un autre fait inquiétant est désormais la possibilité d’atteindre des réserves de pétrole et de gaz qui étaient jusqu’alors inaccessibles en raison de la glace. Cette nouvelle ruée vers l’or noir du nord fait miroiter de véritables fortunes à plus d’un entrepreneur, mais ces stocks appelés à être brûlés aux quatre coins du globe vont à leur tour participer au dérèglement climatique… et donc à une fonte des glaces de plus en plus importante.