Vous ne pouvez pas la voir depuis la côte. Elle est si loin. Elle commence à 200 miles nautiques (370 km) du littoral. C’est la haute mer, une immensité qui englobe 64% des Océans. Une masse d’eau sur laquelle l’Homme a le devoir de veiller. Ils étaient nombreux mercredi 11 avril dans l’hémicycle du Palais d’Iéna pour lancer « L’appel de Paris pour la Haute Mer ».

 

La haute mer est une zone où aucun pays n'est responsable de ce qui s'y passe. Un pays n'a juridiction que sur les navires battant son pavillon. Ce navire représente alors un petit bout du pays en question © Laetitia Maltese / OCEAN71 Magazine

 

Cette initiative a été prise par Catherine Chabaud, première femme à avoir bouclé un tour du monde à la voile en solitaire et actuelle membre du Conseil Economique Social et Environnemental, et Tara Expéditions.

 

Pour ce faire, ils ont organisé une journée de conférences sous le patronage de l’UNESCO, réunissant des Organisations Non Gouvernementales, des acteurs du monde maritime scientifique et industriel, et des politiques. La parole a été donnée à des représentants des quatre coins du monde (Brésil, Colombie, Europe, Etats-Unis, Outre-Mer), afin que les réflexions soient menées à l’échelle mondiale.

 

L’objectif ? Se mobiliser et échanger sur l’avenir du grand large.

 

En effet, passé la bande côtière et les 200 miles qui marquent la ZEE* (Zone Economique Exclusive) soumise aux droits nationaux, nous arrivons dans les eaux internationales, appelées aussi la « haute mer ».

 

Aucun Etat n’a le droit d’y exercer sa souveraineté et tous peuvent l’utiliser librement pour la pêche, la navigation, ou des travaux techniques comme la pose de câbles ou de pipe-lines. Seule l’exploitation des sols et sous-sols est réglementée par l’Autorité Internationale des Fonds Marins.

 

La « haute mer » se définie donc comme une zone libre, tel que cela a été établit par les membres des Nations Unies, lors de la signature de la convention sur le droit de la mer de Montego Bay en Jamaïque, en 1982. C’était il y a 31 ans. Depuis, faute d’une véritable autorité internationale, cette zone de liberté devient trop souvent une zone de non droit, laissant la porte ouverte à une exploitation incontrôlée et incontrôlable. C’est ainsi qu’elle subit dangereusement les conséquences de l’activité humaine : pollutions, trafic maritime, changement climatique, exploitation des ressources.

 

Or la « haute mer » c’est aussi et avant tout une zone de vie, où chaque jour de nouvelles espèces marines sont découvertes. Un espace qui couvre plus de la moitié de la planète et qui est le garant de son équilibre. En véritable régulateur terrestre, cette étendue nous permet de respirer et de vivre à des températures supportables.

 

Aujourd’hui, l’océan est de plus en plus convoité car il est le gardien de trésors minéraux, énergétiques et biologiques immenses. Pourtant, nous savons ses richesses limitées. Comment continuer dès lors à en bénéficier sans qu’un cadre juridique international soit posé ?

 

Cet appel est donc un cri d’alerte, mais aussi un cri d’espoir adressé aux décideurs de la communauté internationale afin que des mesures de protection et de gestion durables soient prises et qu’un accord soit obtenu à l’assemblée générale des Nations Unies en 2014.

 

Parce que la Haute Mer est l’affaire de tous. Bien au-delà des frontières.

 

*La ZEE peut être étendue à 350 miles de la côte suivant certains critères géologiques.