Boutures de coraux durs et mous © Philippe Henry / OCEAN71 Magazine

Le miracle du corail

Concilier passion et cohérence

Au cœur du chantier naval de Camaret, une grande porte bleue arborant un dessin d’une île et de son cocotier cache un lieu unique : une ferme de corail.

De part et d’autre, des aquariums multicolores nous entourent © Philippe Henry / OCEAN71 MagazineNous y rencontrons Johan, jeune trentenaire originaire de Landerneau. Son accent ne trompe pas, c’est un Breton pure souche. Il y a un peu plus de six ans, Johan et son ami Rémi étaient vendeurs en animalerie. Ils se passionnent alors pour les coraux, petits êtres singuliers à la fausse apparence végétale.

« Le corail est constitué d’une colonie de minuscules animaux ressemblant aux anémones : les polypes », explique Johan. « Ces derniers vivent en symbiose avec la zooxanthelle, une micro-algue dont ils se nourrissent en partie et avec laquelle ils échangent du carbone. »

Comptant parmi les écosystèmes les plus diversifiés de la planète, les coraux forment parfois des récifs gigantesques. Au Nord-Est de l’Australie la Grande Barrière (2300 kilomètres) est ainsi célèbre pour être la seule structure vivante visible depuis l’espace. Mais le gigantisme des barrières formées ne les rend pas moins fragiles.

De puissants néons apportent lumière et chaleur aux boutures de coraux © Philippe Henry / OCEAN71 MagazineLa prédation et les conditions environnementales leurs confèrent une croissance très lente en milieu naturel : moins de 5 cm par an en moyenne. Les deux fléaux actuels des coraux sont clairement identifiés : l’acidification des océans et l’augmentation de la température de l’eau. Durant le 20e siècle, les eaux tropicales ont enregistré une augmentation de leur température moyenne de 1,2°C. La réaction des coraux est radicale puisqu’ils expulsent leur algue vitale, la zooxanthelle, blanchissent et meurent.

Lorsqu’ils travaillaient en animalerie, Johan et Rémi ont fait un constat amer : la plupart des coraux recherchés par les aquariophiles français, bien que d’élevage, étaient importés souvent de l’autre bout du monde.

Il leur était donc difficilement concevable de continuer à commercialiser ces animaux en encourageant un transport aérien qui contribuait, entre autre par le réchauffement climatique, à les éteindre à petit feu.
Ducanopsammia Axifuga - Whisker Coral. Les couleurs communes sont le vert ou le bleu-gris. Cette espèce est relativement rare. © Philippe Henry / OCEAN71 MagazineIls ont alors l’idée d’ouvrir une ferme d’élevage en Bretagne. En produisant du corail en France, ils participent ainsi modestement à la sauvegarde des lointains récifs sauvages.

En 2007, armés de truelles, perceuses et scies, les deux amis effectuent eux-mêmes les travaux pour réhabiliter les anciens viviers de Camaret. En quelques mois, ils terminent les premiers bassins tests. La ferme ouvre officiellement ses portes en avril 2008.

En Europe, les Allemands, Belges et Néerlandais ont été les pionniers, puisqu’une dizaine de fermes similaires ont ouvert au début des années 2000. En France, il en existe trois dont celle de Camaret qui fut la première et qui est aujourd’hui la plus importante.

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