La terre est recouverte à 71% par les mers et les océans. Il s’agit d’une telle étendue que nous avons surnommé notre astre « la planète bleue ». Notre vision de cet espace a cependant un gros défaut : nous nous limitons trop souvent à la surface de ce monde maritime qui reste aujourd’hui encore inconnu de tous, à la fois lointain, mystérieux et inquiétant.

L’Unesco estime que nous avons documenté à peine 10% des espèces qui vivent dans les océans et que les biens culturels au fond de l’eau surclassent largement en nombre les objets que nous pouvons admirer dans les vitrines des musées.    

Cette réflexion m’a amené à croire il y a maintenant trois ans (2013), qu’il était nécessaire de créer un magazine, regroupant des reporters, des marins et des plongeurs, pour étudier, décoder et vulgariser ce monde complexe qui nécessite une multitude de compétences ainsi qu’une approche journalistique différente de celle que l’on peut avoir sur la terre ferme.

Ce monde bleu, nous avons commencé à l’explorer et avons publié ce que nous avons découvert sur OCEAN71 Magazine. Notre média numérique a appliqué jusqu’à présent un modèle économique classique pour une partie de la presse en ligne : celui de l’accès payant. Jusqu’à présent, nous avons compté sur un cercle d’abonnés qui achetaient leur accès à des contenus complets et originaux.

Après trois ans d’activité, nous constatons que ce modèle n’est plus adapté à la mission que nous nous sommes fixés. Lorsque le monde change, ses acteurs doivent se réinventer. Aujourd’hui, force est de constater que nos enquêtes, les informations que nous publions dans notre magazine, intéressent, passionnent même parfois, mais les revenus générés ne nous permettent pas économiquement de continuer sur cette voie.

L’expérience acquise au fil des années, nous a toutefois permis de comprendre un élément crucial : le contenu que nous traitons est unique. Les découvertes que nous documentons, que ce soit des espèces nouvelles ou des vestiges archéologiques, peuvent compléter ou parfois même bousculer les connaissances humaines.

Au terme de cette réflexion, j’ai pris la décision de rendre accessible gratuitement l’intégralité du site OCEAN71 Magazine. Les dossiers déjà publiés et ceux qui le seront prochainement seront dorénavant disponibles en quelques clics.

Pour pouvoir faire ce choix du libre accès et de l’universalité, notre média a changé de modèle économique. J’ai décidé de lancer, en accord avec l’ensemble de l’équipe constituée au sein d’OCEAN71 Magazine, la Fondation Octopus (octopusfoundation.org).

Reconnue d’utilité publique par l’autorité de contrôle des fondations en Suisse, la Fondation Octopus a pour objectif de sélectionner et de soutenir des projets spécifiques d’exploration, de recherche et d’étude des fonds marins dans le monde entier. Nos axes de travail seront l’archéologie sous-marine et la biologie marine.

Dans les faits, nous allons sélectionner ou initier des projets d’étude du monde marin, et les soutenir financièrement, logistiquement et technologiquement. Afin de rendre accessible au plus grand nombre les découvertes et le savoir qui relèvent des mers et des océans, la Fondation Octopus s’appuiera  sur OCEAN71 Magazine et son équipe. Notre magazine sera désormais chargé de préparer et publier les comptes-rendus des projets épaulés par la fondation en utilisant tous les médias à sa disposition : articles en ligne, photos, documentaires vidéo, livres, BD ou expositions dans les musées.

Pour le lancement de la Fondation Octopus, j’ai personnellement constitué le capital de départ, à hauteur de 200’000 francs suisses (environ 180’000 euros). Il s’agit de la première étape. Pour que ce formidable outil, ouvert sur le monde et les hommes, puisse perdurer, et bénéficier à un large public, j’en appelle à celles et ceux qui ont les ressources financières et que cette aventure inspire. Beaucoup d’entre nous peuvent soutenir, à hauteur de leurs moyens, la Fondation Octopus et ses missions d’exploration, d’étude, et de transmission.    

Pour clarifier les doutes que certains pourraient légitimement avoir sur notre financement, la transparence la plus totale est obligatoire si nous voulons conserver le statut d’utilité publique. La Fondation Octopus doit fournir, chaque année, la liste complète des noms et des montants de l’ensemble de ses donateurs. Ses comptes sont aussi soumis chaque année au contrôle le plus strict des autorités fiscales suisses.

Finalement, les donations dont la Fondation Octopus bénéficiera permettront peut-être de nous réinventer, en faisant émerger, je l’espère, un nouveau type de média : un média d’utilité publique.