Sur le papier, elle mesure approximativement 26,5 kilomètres de long et un peu plus de 6 kilomètres de large. « Elle », c’est Sandy Island, une île au milieu du Pacifique, perdu dans l’immensité bleue entre la Nouvelle-Calédonie et l’Australie. Seul problème ? Les navires qui croisent aux coordonnées exactes, 19°11’22,8 Sud et 159°56’43 Est, et qui cherchent désespérément cette île inscrite sur certaines cartes ne trouvent rien d’autre que la mer. Sandy Island n’existerait donc pas.
Pourtant, après vérification, Sandy Island est bien répertoriée dans de nombreux atlas anglo-saxons, dont le très sérieux Times Atlas of the World, tout comme sur Google Earth.
Sur Google Earth, Sandy Island apparaît comme un long trou noir au milieu du Pacifique. Pourtant, plusieurs navires de recherches scientifiques affirment ne rien croiser à ces coordonnées ni aux alentours. S’agirait-il d’un programme classé sous le sceau du secret défense ?
En France, les scientifiques du SHOM, le Service Hydrographique et Océanographique de la Marine française, ont une explication plus rationnelle : « Le modèle satellite indique une anomalie, donc il peut y avoir un volcan sous-marin mais en aucun cas une île, explique Marie-Françoise Lequentrec-Lalancette géophysicienne au SHOM. Une autre hypothèse est qu’il y a pu y avoir un jour un récif corallien affleurant qui se serait effondré sous l’effet de l’érosion. Pour le savoir, il faudrait plonger. A l’heure actuelle, les scientifiques australiens affirment qu’ils n’ont pas vu de volcan. Donc, pour nous, il n’y a rien ! »
La question que soulève Sandy Island est plus générale. Avec les technologies modernes, nous avons l’impression d’avoir une connaissance extrêmement précise de la surface de notre planète. Google Earth nous donne même l’impression que chaque recoin est pris en photo, analysé, cartographié. « D’après la NOAA, l’agence américaine qui étudie les océans et l’atmosphère, nous avons une connaissance que l’on peut décrire comme précise, c’est-à-dire avec des cartes précises dont les données sont issues de sondes transmises par les navires, d’environ 10% de nos mers et océans. Il reste à peu près 90% dont nous n’avons aucune données précises de terrain… » admet Pierre-Yves Dupuy, chef de la division documents maritime du SHOM. Sandy Island est une preuve flagrante de cet état de fait.