AVERTISSEMENT : Certaines informations sont à considérer avec précaution. Il est probable qu’une part de désinformation des états fasse partie de la force de dissuasion.
Il y a quelques jours, nos confrères du quotidien français, Le Télégramme, ont publié une enquête très documentée révélant d’importantes failles de sécurité autour d’un des sites militaires les plus sensibles de France : la base d’Île-Longue en Bretagne, port d’attache des quatre sous-marins français équipés d’ogives nucléaires. L’une de ces failles est clairement désignée : Internet.
Nous avons voulu vérifier ce qu’il en était des autres puissances dotées d’une telle force militaire. Aborder le sujet des sous-marins nucléaires, c’est très vite tomber dans les fantasmes les plus fous.
Pourtant, avec Internet, une grande partie des informations relatives à ce sujet sont à la disposition de tous. Quelques clics et un peu de temps suffisent pour trouver des données que l’on pourrait imaginer confidentielles : ainsi il nous a fallu moins d’une heure pour trouver les images satellites précises des neuf bases officielles de sous-marins réparties dans six pays ; le type, les dimensions, la vitesse et le nombre des submersibles, ainsi que la quantité des missiles embarqués et leur portée.
Pour clarifier, il faut d’abord distinguer les sous-marins nucléaires des sous-marins lanceurs de missiles nucléaires.
Les premiers, appelés SNA (Sous-marin Nucléaire d’Attaque), sont équipés d’un moteur nucléaire, leur permettant de réaliser des missions en plongée de longue durée sans avoir à refaire surface. La plupart sont équipés de munitions «traditionnelles», prévues pour couler d’autres sous-marins ou des navires de guerre.
La deuxième catégorie, celle qui constitue l’essentiel de la force de dissuasion, est constituée de sous-marins embarquant les fameuses ogives nucléaires. Ils sont appelés en français SNLE (Sous-marin Nucléaire Lanceur d’Engin). En théorie, leur objectif n’est pas d’attaquer mais bien de défendre le pays par leur simple présence quelque part en mer…
Leurs positions et leurs déplacements maintenus secrets, les états n’hésitent pas à contrario à faire l’inventaire précis de leur force de frappe, car tout le système repose sur la peur de l’autre.
Dans ce «jeu» de bluff à grande échelle, les Etats-Unis mènent évidemment le bal, avec pas moins de 14 SNLE en activité, rattachés à leurs trois bases du Pacifique et de l’Atlantique. La Russie possède pour sa part 10 SNLE, répartis entre le Pacifique et la mer de Barents. La Chine admet en posséder quatre en mer Jaune, mais il est possible que ce chiffre soit plus élevé. La France et l’Angleterre en possèdent quatre chacun, basés respectivement en Bretagne et en Ecosse.
Jusqu’en 2013, cette défense nucléaire sous-marine était réservée aux «Big Five». Mais depuis quelques mois, une nouvelle puissance a rejoint ce club très fermé : l’Inde, avec un premier SNLE encore en phase de tests.
Il y a donc, quelque part dans les profondeurs des mers du globe, 37 submersibles de défense qui se baladent armés jusqu’aux dents. Chacun d’entre eux embarque en moyenne 16 missiles capables de parcourir entre 5’000 et 8’000 kilomètres. Hypothétiquement lancée, une seule de ces ogives pourrait générer une explosion 35 fois supérieure à celle d’Hiroshima… de quoi dissuader, effectivement.
A une autre époque, lorsque la force nucléaire en était encore aux premiers essais, les états maintenaient dans le plus grand secret la plupart de ses informations. Aujourd’hui, la défense a changé. Elle ne consiste plus forcément à être capable de tirer, mais à faire tout simplement de la publicité. Mensongère ? N’est-ce pas toujours un peu le cas ?