5 août 1944, île de Grenade, Caraïbes.
C’est l’effervescence sur les quais du port Saint-Georges. Deux superbes goélettes s’apprêtent à appareiller à destination de l’île de Saint-Vincent, située un peu plus au Nord … La plupart des jeunes gens de la classe moyenne de ce petit protectorat anglais est de la partie. Les plus canailles échangent leurs places réservées à bord du Providence Mark pour embarquer sur l’Island Queen, où l’ambiance s’annonce plus festive. Et pour cause, c’est sur ce navire que seront les plus jolies filles de la colonie.
Alors que le Providence Mark longe les côtes, Chicra Salhab, le capitaine de l’Island Queen décide de prendre un peu plus au large. Il mène fièrement son navire qui compte 67 passagers. La nuit tombe, la mer devient un peu plus agitée et les lumières de l’Island Queen disparaissent au loin. Le lendemain matin, le Providence Mark arrive à Saint-Vincent en premier. Après les formalités douanières, les passagers guettent leurs amis présents sur la deuxième goélette qui ne devrait pas tarder. En vain. Les heures passent, aucun Island Queen ne se profile à l’horizon. Il n’arrivera jamais à destination.
Pendant plusieurs semaines de nombreux avions et navires sont mobilisés pour rechercher le voilier… Il faut se rendre à l’évidence : il a disparu corps et biens. Rien, pas même un débris d’épave n’est retrouvé. Presque chaque famille anglaise de Grenade a perdu un enfant dans ce drame. A l’époque, l’enquête officielle a conclu qu’un feu s’était déclenché à bord causant le naufrage de l’Island Queen. Quelques témoins ont déclaré avoir vu au loin une colonne de fumée monter dans les airs à proximité de l’île voisine de Carriacou. Mais à Grenade, les familles ne se satisfont pas des conclusions de l’enquête et de nombreuses théories sont avancées. Certains pensent à un sous-marin allemand qui aurait torpillé le navire. D’autres penchent plutôt pour la collision avec une mine flottante. Quelques voix s’opposent cependant à ces explications. En effet, pourquoi aucun débris du navire n’a été retrouvé, en mer ou sur les plages ? D’après Jan Lindsay, volcanologue à l’Université des West Indies (UWI), basée à Trinidad, la disparition de l’Island Queen pourrait avoir une tout autre origine. Pour lui, le coupable mesure environ 2’300 mètres de haut, et culmine à 180 mètres sous la surface de la mer. Son nom : le Kick’em Jenny, seul volcan sous-marin actif connu de la mer des Caraïbes, situé à huit kilomètres au nord-ouest de Grenade.
Sous la surface, la terre bouge
Imaginez un volcan sous-marin qui se réveille. Qui gronde. Prêt à expulser roches et cendres du fin fond des mers. C’est en juillet 1939 que le Kick’em Jenny fait parler de lui pour la première fois. Les habitants du nord de Grenade sentent alors la terre trembler sous leurs pieds, des vagues de deux mètres atteignent les côtes des îles Grenadines et pendant 24 heures, une colonne de fumée de 300 mètres de haut déchire l’horizon au nord-ouest de l’île. Dans la mer, le Kick’em Jenny s’active. On comprend donc mieux pourquoi l’arc Antillais est étudié par de nombreux géologues dès les années 1940. La plaque américaine plonge sous la plaque caribéenne et forme ainsi une zone de subduction, c’est-à-dire un endroit où une plaque tectonique passe sous une autre, provoquant la création de chaînes volcaniques. Dans les Caraïbes, l’histoire de chaque île a commencé par un volcan sous-marin. Certains sont toujours en activité.
En octobre 1943, des sismographes installés en Martinique, ont enregistré des ondes acoustiques typiques d’explosions ou de tremblements de terre subaquatiques : des “T-phases”. Les mois qui suivent, les eaux sont agitées au-dessus du Kick’em Jenny. Le volcan semble dégazer, laissant échapper au dessus de lui des nuages de bulles. Ce phénomène qui a normalement lieu entre deux éruptions voit la densité de l’eau au-dessus du cratère être complètement modifiée, réduisant ainsi la flottabilité de tout ce qui s’y trouve. Pour faire simple, on peut affirmer que Newton l’emporte sur Archimède : n’importe quel bateau qui naviguerait aux abords du volcan “tomberait” dans l’eau. A quelques mois du passage de l’Island Queen dans cette zone, l’hypothèse de Jan Lindsay semble donc plausible.
L’éruption la plus importante du Kick’em Jenny a été enregistrée en 1939, mais depuis, pas moins de douze éruptions ont été identifiées grâce aux instruments installés par les scientifiques. Pour la plupart, il n’y a pas eu de signes extérieurs, pas d’autres colonnes de fumée ou d’expulsions de roches. Quelques légers tremblements de terre tout au plus. Il faut pourtant se méfier du calme apparent de ces eaux. Le Kick’em Jenny change de physionomie et grandit, se rapprochant peu à peu de l’air libre. A terme, dans quelques années ou dans quelques siècles, le Kick’em Jenny émergera pour donner naissance à une île, comme ses voisines caribéennes.
Frédéric Dondin, volcanologue à l’UWI, précise : « A l’heure actuelle nous n’avons aucune idée de l’âge du volcan, une étude est en cours. » En revanche, on suit depuis quelques décennies l’évolution de sa progression vers la surface. Les études bathymétriques ont établi qu’entre 1962 et 1966 le volcan avait gagné 46 mètres, son sommet passant de 232 à 190 mètres sous la surface. A la fin des années 1980, il a culminé à -150 mètres et un dôme s’est formé au milieu du cratère. Ce phénomène a déjà été observé à terre, comme sur l’île de Saint-Vincent plus au Nord. Son volcan, la Soufrière, abritait un lac profond de 175 mètres au fond de son cratère. En septembre 1971, plusieurs éruptions ont donné naissance à un bouchon de lave qui a atteint la surface en novembre de la même année. Sa hauteur a augmenté de 2 à 3 mètres par jour, jusqu’en mars 1972. Une évolution très rapide.
Alors que le dôme de la Soufrière est toujours présent, celui du Kick’em Jenny s’est effondré sous le coup d’une série d’éruptions.
Un site unique au monde
Pour les scientifiques, le Kick‘em Jenny est un site unique, un formidable laboratoire in situ, qui leur permet d’assister presque en direct à la naissance d’une île. En mars 2003, l’UWI s’associe avec l’université de Rhodes Island et l’administration nationale des océans et de l’atmosphère (NOAA), une agence d’état américaine. Une campagne océanographique de large envergure est menée, dirigée depuis le navire océanographique Ronald H. Brown. Une cartographie détaillée des fonds marins de la zone du Kick’em Jenny est réalisée avec un sondeur multifaisceaux, outil acoustique de haute précision pour représenter le relief sous-marin. En quelques jours, la carte se dessine. L’imposant cratère du Kick’em Jenny, est mesuré: il est formé d’un rond presque parfait de 350 mètres de diamètre pour 80 mètres de profondeur. Ses pentes prennent une forme de fer à cheval, dont la partie Ouest s’étend sur 20 kilomètres. De nombreux dépôts formés par les successions d’avalanches de débris volcaniques y sont observés, empreintes d’un effondrement du volcan par le passé.
Sur son écran, le cartographe se déplace et remarque trois autres cratères volcaniques et deux cônes, dont l’un sera nommé Kick’em Jack. Reste à savoir si ces roches sont de la même nature que celles du Kick’em Jenny, et donc si ces cratères sont alimentés par la même chambre magmatique. « La proximité des deux cratères laisse penser qu’il s’agit du même complexe volcanique formé également par les volcans émergés que sont l’île de Ronde et l’île de Caille ainsi que le dôme volcanique de Diamond Rock », indique Frédéric Dondin qui précise que là aussi, une étude est en cours pour valider cette hypothèse.
À bord du Ronald H. Brown, l’excitation est à son comble quand le ROV, le robot sous-marin du bord, est envoyé pour collecter des roches et des échantillons biologiques. Alors qu’il touche le fond du cratère à 260 mètres, il détecte des fluides et des gaz sortant de la cheminée qui atteignent des températures supérieures à 250°C. Pourtant, au cœur de cet enfer, il filme aussi de la vie. Parmi les découvertes, un vers de la famille des spionidés vit dans cet endroit à priori inhospitalier,accroché aux parois de la cheminée volcanique.
Karen Wishner, biologiste à l’Université de Rhodes Island n’en revient pas : « Il y a ici une communauté biologique spécifique, intéressante à l’échelle internationale car ce sont les premières espèces trouvées dans une cheminée volcanique située à une faible profondeur ». Il est probable qu’il y ait au cœur du Kick’em Jenny des formes de vies que l’on n’observe nulle part ailleurs sur la planète. Mais ce n’est pas tout : lorsqu’il remonte sur les flancs du cratère, le ROV se retrouve pris par un mur de bulles de gaz. Le Kick’em Jenny dégaze en permanence grâce à ses conduits de vapeur situés à l’intérieur du cratère. Voilà qui pourrait bien confirmer la théorie du volcanologue Jan Lindsay sur la disparition de l’Island Queen !
Le Nautilus en action
En 2013, c’est le navire d’exploration E/V Nautilus qui se rend sur le site avec à sa tête Robert Ballard, le célèbre explorateur d’épaves qui a inscrit pas moins que le Titanic et le Bismarck à son tableau de chasse. L’objectif de la mission est d’étudier le système hydrothermal du cratère volcanique et les communautés biologiques qui s’y sont intallées. Grâce aux caméras d’Hercules, le ROV de l’expédition, les scientifiques découvrent un sol rouge-orange, couvert d’oxyde de fer produit par des bactéries qui forment des couches et de petits monticules sur le sol. Un peu plus loin, sur les pentes du cratère, au milieu des dépôts d’avalanches de débris volcaniques, l’attention des chercheurs s’arrêtent sur deux sites particuliers. Là, ils observent de nouveaux conduits dégageant des fluides froids ou “cold seeps” dans le jargon des scientifiques. Frédéric Dondin, alors à bord du Nautilus, explique : « Ces “seeps” sont des épanchements de fluides riches en matières organique et en méthane. Ils se forment lorsque des sédiments sont compactés et soumis à une forte pression, et migrent vers la surface du sol. Une fois expulsés, ils sont une formidable source de nourriture pour les organismes vivants tout autour ». En effet, près de ces étonnants garde-manger, une murène, un mérou, quelques raies et même un poulpe sont observés. Hercules fait encore d’autres rencontres bien étranges. Sur son chemin, il croise des organismes dit sessiles, c’est-à-dire qui vivent fixés sur le substrat, comme des anémones, des palourdes, des vers ou encore des moules de 35 centimètres de long.
« Cette découverte a été l’un des évènements phare de la mission de 2013 ! », s’enthousiasme Frédéric Dondin. Le phénomène des “cold seeps” était déjà connu. Les animaux sessiles vivent ici loin des rayons du soleil. Les végétaux présents, faute de lumière, utilisent alors l’énergie dégagée par de complexes associations d’éléments chimiques présents naturellement dans l’eau. Des caractéristiques typiques des fameuses sources hydrothermales. « D’après l’équipe de chercheurs présents sur cette mission, c’est la première fois que des “cold seeps” ont pu être observés, décrits et échantillonnés sur un glissement de terrain sous-marin d’origine volcanique », précise le chercheur. Jamais des infiltrations froides sur un site de débris volcaniques n’avait été observées avant. Les volcanologues planchent sur les origines possibles de ce phénomène.
Hercules a poursuivi son exploration. Il a eu l’occasion d’évoluer au-dessus des autres volcans sous-marins jouxtant le Kick’em Jenny. Des coulées de laves spectaculaires témoignent des éruptions passées. Pour la première fois, on a pu observer des pitons sous l’eau, comparables à ceux visibles sur les volcans émergés des Petites Antilles. L’un d’eux, situé dans la partie effondrée du cratère du Kick‘em Jack, mesure 100 mètres de hauteur. Une aiguille qui ferait rêver les férus d’escalade! A son sommet, des coraux d’eau profonde ont élu domicile. Cet environnement et ces paysages marins fascinants suscite la curiosité des chercheurs qui n’oublient pas que sous ce monde d’une richesse biologique incroyable, un monstre sommeille.
Bien que protégé par sa chape d’eau de mer, les risques associés à l’activité volcanique du Kick’em Jenny sont réels. Il y a bien-sûr ces fameux dégazages continus qui peuvent engendrer une perte de flottabilité pour les navires qui passent par là ; une zone d’exclusion maritime d’un rayon d’un kilomètre et demi a d’ailleurs été définie aux abords du volcan sous-marin car la zone est très fréquentée. Pourtant, peu de plaisanciers tiennent compte de cette consigne. Les locaux sont davantage informés et avertis du risque de tsunami qui pourrait être provoqué par une éruption importante ou un glissement de terrain sur les flancs du volcan immergé. Sous le Kick’em Jenny, le magma est stocké dans une chambre, située à quelques kilomètres de profondeur. Mais quand cette roche en fusion commence à bouger, elle force le passage pour s’échapper et génère des tremblements de terre. Ils sont généralement de faible amplitude et les scientifiques les identifient essentiellement à l’aide des sismographes. Lorsqu’ils sont plus nombreux, c’est le signe d’une éruption future. Le volcan s’énerve. C’est exactement ce qui s’est passé le 4 décembre 2001, lors de la dernière éruption du Kick’em Jenny : une série de tremblements de terre a duré 24 heures, suivie d’une petite éruption.
Tsunami, code jaune
John Shepherd, responsable du centre de recherche sismique de l’UWI, et l’un des premiers à étudier le Kick’em Jenny en 1974 signale que « le poids de la mer, quand le sommet reste profond, diminue l’énergie des explosions, mais s’il venait à se rapprocher davantage de la surface, celles-ci seraient plus violentes et le risque de tsunami serait lui aussi augmenté ». Les analyses des roches provenant des éruptions de ces 20 dernières années montrent que le magma du Kick’em Jenny contient une forte proportion d’eau dissoute. Or, en se rapprochant de la surface et donc avec la diminution de la pression, ce volume d’eau dissout prend plus de place dans la roche et explose ! Un phénomène que les scientifique suivent de près même si « le risque d’un tsunami causé par une éruption reste minime », tempère Frédéric Rondin. Minime certes, mais il existe. En cas de tsunami, les îles concernées sont les archipels de Grenade et de Saint-Vincent, les îles Grenadines, et la Barbade. Mais des effets pourraient être ressentis dans une zone qui s’étendrait de Puerto Rico à la côte Nord du Venezuela. « Le centre de recherche est en train d’évaluer cette possibilité de tsunami lié à l’instabilité du flanc du volcan. L’article scientifique est en pleine préparation au moment où je vous parle », précise encore le scientifique.
Le Kick’em Jenny fait l’objet d’une surveillance de tous les instants. Chaque jour, les scientifiques « écoutent » le volcan, guettant toute onde acoustique anormale qui leur donne des indications de son état. Des sismographes détectent les tremblements de terre, des marégraphes mesurent des changements inhabituels, des hydrophones réagissent à la moindre explosion sous-marine, des tiltmètres associés à des stations GPS détectent les déformations du sol. Ce déploiement technologique est nécessaire pour permettre de déceler toute anomalie qui précéderait l’éruption et donner l’alerte. En 2007, le Kick’em Jenny a même été le lieu de la mise en place d’un système de surveillance innovant : un mouillage doté d’un sismomètre relié à un câble lui permet d’atteindre le sommet du volcan sous-marin et de faire des mesures in situ. Mais que se passerait-il en cas d’alerte ? Une vague provenant d’un tsunami arriverait sur la côte en quelques minutes et il serait sûrement trop tard pour réagir. Le tsunami du 26 décembre 2004 dans l’océan Indien en est un triste exemple. Mais en revanche, si la zone est surveillée et les pays préparés, le tsunami peut être encadré. C’est ainsi qu’en mars 2014, 900’000 Chiliens vivant sur la côte Nord, entre Iquique et Arica ont pu être évacués lors d’une alerte au tsunami, suite à un séisme de magnitude 8.2 sur l’échelle de Richter. L’alerte a été finalement levée, mais la population a pu se mettre à l’abri dans les temps.
À Grenade, un système de niveaux d’alertes a été mis en place. Actuellement, les sites internet officiels annoncent qu’il est passé au jaune, ce qui signifie que l’activité du volcan est légèrement au-dessus du niveau historique et que la zone est considérée comme dangereuse. Le réseau de surveillance est alors utilisé à sa capacité maximale, les autorités civiles sont alertées et les systèmes de communication sont vérifiés. Des campagnes d’information et de prévention auprès des populations sont renforcées et l’observatoire des Sauveteurs doit être prêt à alerter les bateaux naviguant aux abords de la zone menacée. Frédéric Dondin explique que c’est la nature du signal sismique qui compte : « Il en existe deux types : les volcano-tectoniques (VT), caractéristiques de la reprise d’une activité volcanique, et le signaux sismiques de longue période (LP). Ces derniers annoncent l’imminence d’une éruption. A l’heure actuelle, le signal est vert car on enregistre un niveau faible de VT (un par an), et aucun LP ».
Jaune ou vert, peu importe, avec en moyenne une éruption tous les cinq ans depuis 1939 et des périodes de non-activité qui n’ont pas excédé 12 ans, les volcanologues gardent les oreilles ouvertes. La dernière éruption a eu lieu en 2001, il y a 14 ans. Pour Richard Robertson, chercheur au centre de recherche sismique de l’UWI, le réseau d’instruments est indispensable, mais il est tout aussi essentiel de renforcer l’information et la communication auprès des insulaires, de manière à ce qu’ils sachent quoi faire en cas d’alerte, à savoir : être capable d’observer et interpréter les signes avant-coureurs d’un tsunami et se réfugier dans les hauteurs dès que possible. Pour ceux qui sont en mer, naviguer vers le large… et serrer les dents !
Sur les îles, il reste encore de nombreuses habitations de fortune, faites de tôle et de bois. Elles ne résisteraient pas à une importante catastrophe. Ainsi, en 2004, le cyclone Ivan a fait 23 morts à Grenade et détruit 90% des logements de l’île. Depuis, de nombreuses maisons ont été reconstruites en « dur ». Les dégâts causés par un tsunami seraient sans doute tout aussi dramatiques. A Carriacou, en 2005, suite au tsunami qui a frappé l’océan Indien, il y a eu de nombreuses réunions de sensibilisation. Sur les murs de l’école du quartier de Lesterre, dans le sud-ouest de l’île, on peut lire un panneau indiquant : « Dès l’école on vous prépare à réagir en cas de catastrophes naturelles ». Des affiches de l’Université des West Indies informant sur le Kick’em Jenny ou sur la réaction à avoir en cas de tsunamis sont disposées ici et là. Frédéric Dondin partage l’analyse de son collègue Richard Robertson : « L’un des gros problèmes dans les îles, et je ne pense pas que les choses soient tellement plus avancées pour les Antilles françaises, c’est la gestion du risque lié au tsunami qui en est encore à ces balbutiements ».
Sur ces îles qui ont un petit air de paradis, les locaux ont appris à cohabiter avec le Kick’em Jenny et la vie suit son cours tranquillement. Au bureau d’information de Hillsborough, à Carriacou, le personnel ne semble pas être au courant d’un système de bus mis en place ou d’un dispositif qui permettrait aux habitants d’aller rapidement se réfugier dans les hauteurs. Beaucoup partagent l’avis de Mary, une jeune douanière qui prend les choses avec une pointe de fatalisme : « Oui, le Kick‘em Jenny est dangereux, mais Carriacou est une île bénie, et grâce à Dieu nous sommes tranquilles ». Effectivement, sur l’île, seuls les instruments de percussion comme les “steel-bands” ou les djembés font trembler gaiement les murs. Pour l’instant.